Confessions d’une make up artiste (Part 1)

Analysons nos routines beauté…

J’ai une confession à vous faire. Bien qu’étant une maquilleuse professionnelle non loin de la quarantaine, je n’aime pas me maquiller.

Je suis d’accord avec l’étrange floraison du mascara, bien sûr. Et les jours, où la nuit a eu raison de moi, quand une teinte bleue se dépeint sous mes yeux, un peu de correcteur pêche m’aide à neutraliser ces traits fatigués (et fait du bien à mon égo). Quand j’étais plus jeune, et que mes lèvres étaient naturellement plus pulpeuses, une lèvre rouge enhardie faisait une apparition occasionnelle (jusqu’à ce que mon partenaire fasse un petit commentaire sur la façon dont il me préfère lorsque je ne porte pas de rouge à lèvres). Mais j’avais cet admirable dévouement à appliquer le produit en plusieurs couches, le dictat artificiel du placement de la lumière et des ombres, avec des contours et des mises en valeur habiles, et le dépôt de minéraux colorés sur l’œil et les joues n’ont jamais fait partie de mon rituel de beauté.

Je suis encore en train d’analyser toutes les raisons qui expliquent ce sentiment grandissant « d’inconfort » que je ressens lorsque je porte du maquillage. Avec l’âge, au toucher, trop de textures et d’odeurs rendent ma peau claustrophobe.

*Pour être clair, mon partenaire ne m’a jamais dit que je ne pouvais ou ne devais pas porter de rouge à lèvres – et je ne cesserais jamais de porter ou ne ferais jamais rien parce qu’on m’a « dit » de le faire, son commentaire s’est imposé à mon subconscient et en y repensant, c’est à ce moment là que mon envie de porter des rouges à lèvres a diminué. Dans les rares occasions où je porte encore du rouge à lèvres, je l’applique et le retire immédiatement juste à l’idée d’avoir à le retoucher durant la journée.

J’ai récemment été maquillé par un talentueux et respecté make up artiste pour un shooting et, malgré l’effet ‘look naturel’ réalisé, je ne me suis pas reconnue dans le miroir. Je n’avais jamais eu un maquillage faisant ressortir le plissement de mes ridules et le marquage de mes rides, cela m’a donné l’impression de vieillir d’un coup. En vérité, je n’avais jamais remarqué mon « âge » avant ce jour. C’était étrange et inconfortable. Comme le font la plupart de mes pensées négatives, elles m’ont fait réfléchir…

En tant que maquilleuse professionnelle, j’ai le privilège incroyable, mais aussi, la responsabilité d’apporter à mes clients le sentiment d’être une meilleure version d’eux même. Ce n’est pas toujours une tâche facile même après 20 ans de pratique. S’il y a bien une chose que j’ai apprise durant ces 20 ans d’expérience, c’est que malgré la confiance que j’ai en mes capacités, mon sens de l’esthétique et les préférences de mes clients sont de même importance. J’ai appris à décliner poliment des prestations où cet alignement n’est pas synchronisé, et au contraire, conseiller à mes clients des artistes plus enclin à répondre à leurs désirs. Reconnaître nos réflexions est important.

« Être sous son meilleur jour » est subjectif, mais cette subjectivité est importante pour ce que nous ressentons à propos de nous-mêmes.

Notre façon de nous maquiller – tout comme notre façon de nous habiller – est une extension de notre personnalité. Ce concept est ce qui m’a amené à exercer ce métier. Le produit n’a pas d’importance en tant que tel, mais je suis convaincue de leur pouvoir à transformer notre vision de nous-même et comment nous nous sentons en notre fort intérieur. Pendant longtemps, ma curiosité autour du ‘pourquoi’ et ‘comment’ les gens se maquillent a alimenté nombre de mes efforts créatifs. C’est un aspect que j’aborde en profondeur dans mes ateliers ‘The Beautiful Art of Letting Go (‘L’art merveilleux du laisser-aller’).

Avez-vous déjà pris le temps de penser au ‘pourquoi’ vous maquillez-vous (ou non) ? Il n’y a pas de bonne ou mauvaise réponse, bien-sûr, mais comme tant d’autres de routines quotidiennes, ces « habitudes » sont rarement voir jamais pris en considération. Tandis que le soin de la peau devient quasiment ritualiste, le maquillage à tendance à devenir, pour beaucoup d’entre nous, une routine. Je vous invite à réfléchir à cette question la prochaine fois que vous vous maquillerez.

© Noah Buscher

Prenez votre temps. Apprécier ce processus. Cela peut être l’occasion d’apprendre à se connaître un peu mieux.

Réflexions

Un commentaire anodin d’un proche, ou même un inconnu, a-t-il déjà influencé vos décisions de beauté au niveau conscient ou subconscient ? Avez-vous déjà fait face aux commentaires/questions suivants (qui, dans certaines circonstances, pourraient même être considérées comme des micro agressions) ?

  • « Tu as l’air un peu fatigué. Un peu de maquillage pourrait aider. »
  • « Wow, tu as meilleure mine que d’habitude !» Peut-être un jour où vous aviez passé plus de temps à vous coiffer et maquiller.
  • « Ne pas te maquiller au travail, te donne un air moins professionnel »
  • « Le maquillage c’est culturel »
  • « Tu devrais vraiment prendre plus soin de ton apparence »
  • « Tu es tellement plus belle/beau quand tu ne te maquilles pas »
  • « J’adore ton audace dans ta façon de te maquiller »

Ceci est une liste non exhaustive, ce ne sont pas que des commentaires ou questions négatives – mais elles sont toutes influençables.

J’adorerais savoir ce que le maquillage vous apporte, comment il vous fait sentir, et pour celles/ceux d’entre vous souhaitant partager leurs réflexions sur la raison du ‘pourquoi’ vous vous maquillez, cela serait un privilège.

Au final, j’espère que vous savez que vous êtes magnifiques avec ou sans maquillage.