H comme Hache
Pour évoquer la Beauté, Patrick Jouffret, designer français, a choisi de parler d’objets créés par l’humain pour accomplir ses rêves. Selon lui, au-delà des modes et des statuts, ils embellissent la fonction, rythment notre histoire et l’évolution de nos besoins. À travers cette sélection subjective, sous la forme d’un abécédaire, Patrick a la volonté d’explorer leur dimension cachée qui en font des pièces uniques, intemporelles et essentielles. Après la lettre G (comme Gode), place à la lettre H… comme Hache !
La hache est un des plus anciens outils. Il répond aux besoins primaires et s’est transformé en objet raffiné décliné dans une multitude de formes adaptées à des usages spécifiques. Tout comme ces fleurs dont nous apprécions la Beauté sans en décrypter la logique, l’apparente simplicité de la hache dissimule les subtilités qui racontent plusieurs millénaires d’évolution. Son principe structurel, apparu très tôt, a évolué avec les avancées technologiques et les besoins de l’humain.
La hache est une synthèse parfaite de l’outil avec ses deux parties : l’interface utilisateur et l’instrument. On retrouve cette composition dans la plupart des objets utiles comme le tournevis, la paire de lunettes ou l’ordinateur.
La beauté d’un design est souvent liée à la juste résolution des problèmes posés, et l’habillage stylistique qui tend à masquer ce pourquoi l’objet est destiné (je fais cela mais en fait, ça ne se voit pas), est une fantaisie qui bien souvent est contrainte par les besoins du marché ou une complexité d’esprit. Le design des haches, peu importe son traitement stylistique, exprime instantanément ce pourquoi il est fait.
La matière, parfaitement exploitée, nous envoie des signes : l’acier pour fendre et apporter de la masse, le bois pour apporter flexion, ergonomie et légèreté.
D’un point de vue symbolique, la hache est un lien avec la nature, nos origines, l’idée de survie. Arme ou outil, elle est le partenaire de l’humain dans les moments les plus délicats. Marcel Duchamp (peintre et sculpteur Franco-Américain), avait été impressionné par la beauté de l’hélice dont la forme, monobloc, est guidée par l’efficience, les contraintes de la matière et les éléments.
La hache est plus discrète mais, est à elle seule, la quintessence de l’outil dans ce qu’il a de plus fort : essentiel, durable, performant et noble.