Isabelle Carron : « Nos valeurs d’il y a 15 ans sont toujours celles d’aujourd’hui »
Cheveux argentés, yeux clairs et regard tendre, Isabelle Carron est devenue, au fil des années, une source d’inspiration pour les femmes désireuses d’embrasser leur maturité. En ce mois d’octobre, la fondatrice d’Absolution célèbre les 15 ans de sa marque. L’occasion de se remémorer ses premiers pas dans l’univers de la cosmétique, alors qu’elle travaillait dans sa propre agence de branding. Portée par ses rêves et ses ambitions, elle a su allier sa passion de toujours pour les plantes à son intérêt pour la beauté et la santé de la peau. Depuis, Absolution a bien grandi tout en préservant ses atouts : la qualité de ses formules, sa transparence et son inclusivité.
Rencontre.
Quelle a toujours été la signification d’Absolution ?
Dès le départ, c’était une marque destinée à des gens informés, conscients et intéressés par les sujets de santé et de beauté. Ce mot renvoie donc au fait de se pardonner ses péchés d’urbain, comme un retour à la beauté originelle et à la pureté, grâce à des produits suffisamment qualitatifs pour compenser les écarts.
Si nous revenons 15 ans en arrière, avec quel état d’esprit et quelle ambition vous visualisez-vous ?
Je me souviens être très enthousiaste, naïve et peu préparée à ce qui va suivre ! J’avais envie qu’Absolution fonctionne, qu’elle rencontre le succès, qu’on l’aime. Pour moi, plus qu’une entreprise, c’était une création. Je n’avais pas réalisé à quel point la marque allait paraître aussi novatrice et différente de tout ce qui existait sur le marché de la cosmétique. Jamais je n’aurais pensé devoir faire face aux défis que cela implique, surtout dans un secteur aussi normatif que la beauté. Mais nous sommes toujours là, et j’en suis pleine de gratitude !
Que faisiez-vous que les autres marques de cosmétique ne faisaient pas ?
Tout. Le branding, l’identité visuelle et les illustrations se démarquaient nettement de tout ce qu’on pouvait voir à l’époque. Les cosmétiques bio étaient souvent associés à des teintes vertes ou à des motifs floraux peu esthétiques. Nous, nous représentions ni plantes, ni fleurs, ni visages, mais des formes abstraites en noir et blanc. Nous réalisions des packs avec des wraps drapés autour des pots, sur lesquels était inscrit au dos « bio » en microscopique. Nos textures étaient très réussies pour des produits naturels, et nos parfums assez nuancés. Je me différenciais également avec ma méthode du « Mix and Match », qui consiste à adapter son soin aux humeurs de sa peau, en fonction des forces et des faiblesses de notre organisme. C’était absolument nouveau !
Quel rapport établissez-vous entre les plantes et la peau ?
À 12 ans, j’avais lu Des hommes et des plantes de Maurice Mességué, un herboriste et guérisseur français très célèbre pour avoir soigné des chefs d’État et des célébrités par des infusions, des bains de pied et de main. C’est le moment où j’ai compris que les plantes étaient capables de grandes choses. Puis je me suis plongée dans de nombreuses lectures de l’école Palo Alto et dans l’ouvrage du psychanalyste Didier Anzieu, Le moi-peau, un livre assez ennuyeux mais dont le cœur est très intéressant ! La peau étant un contenant physique et psychique sur lequel le nourrisson va forger son identité et sa relation aux autres, comme avec le peau à peau avec sa mère. J’ai donc toujours accordé une importance particulière aux produits que notre épiderme absorbe et à leur impact sur notre propre santé.
Les années ont passé. Comment vous voyez-vous aujourd’hui ? Vous trouvez-vous différente ? En quoi ?
J’ai continué à grandir. Je ne suis pas tout à fait la même car je serai bientôt naturopathe ! La marque est plus étoffée, mais elle n’est pas différente. La qualité ne s’est absolument pas amoindrie, comme c’est souvent la règle lorsqu’une marque grossit. Et nos valeurs d’il y a 15 ans sont toujours celles d’aujourd’hui. Ces dernières années, je me consacre toutefois à renforcer notre démarche « pro-âge », sûrement dû au fait que je vieillis ! J’ai besoin de produits qui offrent les actifs nécessaires à ma peau. Je tente aussi, de jour en jour, de supprimer cette vision terrifiante de la femme mature ménopausée proposée par la société. Ce sujet est plus que jamais politique, et c’est pour cette raison que j’ai décidé de retirer définitivement le terme « anti-âge » de nos produits en 2019. Bien que certaines mentalités aient changé, tant que j’aurai des demoiselles de 30 ans qui viendront à la boutique me demander des produits anti-âge, parce qu’elles ont aperçu un quart de moitié de dixième de ridule au coin de l’œil, je dirai que le travail n’est pas fait.
De quels produits Absolution ne pourriez-vous pas vous passer ?
Le Baume Céleste, La Crème du Temps, Le Masque du Temps Redensifiant, l’huile PAX et le Booster LIFT que je n’applique pas tout le temps, en fonction des saisons, mais qui restent mes petits chéris. Je suis aussi très attachée à La Crème de Santé que je porte l’été, en dessous d’une protection solaire. Le reste de l’année, je ne consomme d’ailleurs aucun filtre car nous avons toutes et tous besoin du soleil pour notre santé, plutôt que de s’en protéger.