U comme Ustensiles de cuisine
Dans nos vies citadines rapides et bruyantes, la cuisine offre parfois un havre sensoriel. Les ustensiles de cuisine ont un vocabulaire propre, fait de formes et de matières. Avec eux, nous apprenons ou perfectionnons des techniques culinaires. Ils sont imprégnés de souvenirs mêlant goût, geste et structures, particulièrement ceux tenus à la main.
Il y a les ustensiles essentiels, dérivés de modèles ancestraux. Ce sont des objets rudimentaires mais accessibles, qui reproduisent les outils antiques comme la cuillère en bois que l’on conserve et utilise même cassée, tordue, délavée, héritée de la grand-mère et transmise avec une part de culture. La spatule qui étale le chocolat fondu, le contact dans la bouche du bois ou du caoutchouc. Le rouleau en bois, les roulettes, les emporte-pièces en métal, le fouet, les casseroles, les cocottes en fonte et les poêles.
Nous nous habituons à faire cohabiter cette simplicité avec la technologie la plus avancée. Comme le chantait Boris Vian, la recherche du progrès et l’ultra-spécialisation peuvent tourner au ridicule.
Il n’est pas question de sous-estimer la pertinence d’un objet conçu pour accomplir à la perfection une tâche spécifique, comme le toqueur à œufs, mais d’apporter un regard critique à ces objets qui font l’apologie du “plus”.
Comme la nature, une force pousse l’humain à emprunter le chemin le plus rapide. Quasiment tout ce que nous inventons poursuit cet objectif inavouable.
Depuis un siècle, dans de multiples secteurs, la plupart des inventions ont en commun la recherche du gain de temps. En cuisine, cette quête nous a amenés à créer toutes sortes d’outils qui le raccourcissent : autocuiseurs de toutes sortes, tourne-fritures, canons à patates, presse-déchets, robots de cuisine…
Concevoir et utiliser des objets qui vont à l’encontre de ces impulsions devient un acte politique. Des objets qu’on apprend à utiliser, silencieux ou peu bruyants, économiques, qui nous nourrissent aussi par la connaissance qu’ils nous apportent.