Ménopause : savoir vivre avec son (nouveau) corps
On ne parle jamais assez de ménopause. Cette période naturelle dans la vie des femmes les invite à quitter leur cycle menstruel pour mieux épouser le temps qui passe (si l’on met de côté les bouffées de chaleur, les sécheresses vaginales, la prise de poids et les autres bouleversements physiologiques et psychiques !). Si cette étape les libère de la perte de sang si régulière qui les différencie des hommes, certaines y voient la fin de leur vie de jeune femme fertile, jusqu’alors à son apogée.
La ménopause, c’est quoi ?
Tiré du grec ancien, le terme ménopause («mên » pour « mois », et « pausis » pour « arrêt ») se traduit par « arrêt des menstruations » ou « fin du cycle menstruel », qui survient généralement entre 45 et 55 ans. Le mot ne voit pourtant le jour qu’au XIXe siècle grâce à la médecine moderne. Le médecin français Charles de Gardanne l’introduit en 1821 dans son ouvrage De la ménopause, ou de l’âge critique des femmes, dans lequel il évoque les troubles qui y sont associés et où il réduit la ménopause à une perte de la vitalité des femmes. Avant cette époque, cette transition fait partie de la vie de chacune sans que l’on y pose de nom, contrairement au terme « règles » (issu du latin « regula » pour « règle » ou « loi ») qui existe dans la langue française depuis le Moyen-Âge.
La ménopause marque donc l’arrêt de l’ovulation, la disparition des règles et se dessine comme une forme de contraception naturelle. Dans certaines cultures, les femmes ménopausées sont pourtant perçues comme des figures centrales. Elles deviennent des guides et des détentrices d’une sagesse que les plus jeunes sont incapables d’atteindre ! Chez les peuples amérindiens, comme les Lakotas ou les Cherokees, la ménopause leur confère le statut de « femme sage » ou de « grand-mère », leur mission étant de perpétuer les traditions ancestrales et spirituelles.
En Chine et dans certaines communautés d’Afrique subsaharienne (comme les Yorubas au Nigéria ou les Akans au Ghana), la ménopause les rend également plus influentes. En atteignant une maturité, elles sont respectées par leurs peuples pour leur riche expérience et la fin de leur fertilité… Ce phénomène contraste avec les sociétés modernes occidentales, où la jeunesse ne cessera d’être glorifiée au détriment du vieillissement du corps.
La fin d’un chapitre…
« Nous sommes peu informées sur cette étape de notre vie ! » souffle Hélène, 53 ans et ménopausée.
« Lorsqu’une jeune fille devient femme, sa mère ou l’école la prépare. En vieillissant, même la médecine ne nous informe pas de cette étape si particulière que nous vivons toutes un jour ou l’autre. »
Rappelons que la ménopause, souvent redoutée et rarement célébrée, invite chacune à vivre cette transition différemment, et parfois difficilement. Valérie, 56 ans, qui quitte peu à peu ses règles, vit un enfer. « J’ai déjà les symptômes d’une femme ménopausée que je n’aurais jamais pu imaginer ! Je me sens fatiguée, irritée et déprimée. Moi qui ai toujours bien dormi, je me retrouve à faire des insomnies… Mon corps change, ma peau se relâche et je prends plus facilement du poids sur l’abdomen. Tous ces changements affectent l’image que j’ai de moi. »
Pour Marie-Lise, 76 ans, il n’y avait d’autre option que de recourir à un traitement hormonal, malgré les controverses autour de ces médicaments ! « J’ai été très affectée par de terribles bouffées de chaleur dès mes 47 ans avec un ressenti de 40 degrés de fièvre, confie-t-elle. Aujourd’hui, il m’arrive d’en avoir aussi à mon âge avancé. »
D’autres encore ont préféré modifier radicalement leur alimentation comme Angélique, 54 ans et ménopausée depuis 8 ans, en supprimant le gluten. « Je ne recommanderais toutefois pas à mon entourage de me copier car nous sommes toutes différentes. Mais mes symptômes se sont effacés en privilégiant les végétaux crus qui m’assurent une grande vitalité et qui me font me sentir bien dans ma peau. »
Et le début d’un nouveau
Certes, la ménopause transforme le corps et l’esprit, mais ces changements ne doivent pas être perçus uniquement comme des obstacles. Si cette phase est associée à la perte (de la fertilité, des menstruations, d’une partie de soi), elle est pourtant bien plus qu’un simple tournant biologique. Elle rappelle au contraire que le corps est bien vivant et en perpétuelle transformation. La présence de ces symptômes prouve qu’il est temps de prendre soin de soi en s’écoutant autrement.
Les changements alimentaires peuvent être bénéfiques, tout comme se recentrer sur son intérieur par des pratiques méditatives. Cette période offre donc la possibilité d’ouvrir un nouveau chapitre de sa vie comme une renaissance où nos priorités changent. Pourquoi ne pas y voir l’occasion de se lancer dans des projets jusque-là mis de côté ? En réalité, les attentes sociales, souvent pesantes durant la jeunesse, s’effacent peu à peu avec la maturité. C’est le moment de se détacher des pressions sociales liées à la femme et à sa féminité. Elle devient plus libre, ne dépendant plus des normes sociales ou des attentes familiales. La sexualité se vit également plus sereinement, sans le poids de la contraception et de la crainte d’une grossesse non désirée. Loin d’être une fin, la ménopause marque le début d’une nouvelle ère !
Petit rappel lexical :
- Périménopause et non préménopause ! C’est la période de transition précédant la ménopause qui peut durer jusqu’à plusieurs années. Les niveaux d’hormones commencent à fluctuer, provoquant des cycles menstruels irréguliers et des symptômes comme les bouffées de chaleur.
- Ménopause. Elle intervient après 12 mois consécutifs sans règles et fait prolonger les symptômes, telles que les transpirations nocturnes, les sécheresses, les troubles du sommeil ou encore les sautes d’humeur.
- Postménopause. Le corps s’adapte et les symptômes s’estompent, on parle alors de « postménopause » qui correspond à la période qui suit la ménopause.