La salutation au soleil en yoga 

La salutation au soleil est un enchainement emblématique et très connu de la pratique posturale du yoga. Particulièrement réalisée dans des courants dynamiques (vinyasa, ashtanga ou hatha) elle apporte de nombreux bienfaits physiques et mentaux. Elle constitue également une excellente base pour démarrer ou approfondir le yoga. Découvrez tout ce qu’il faut savoir sur la salutation au soleil. 

La salutation au soleil est désignée en sanskrit sūrya namaskār (ou namaskāra). C’est un enchainement de plusieurs postures (en sanskrit āsana) issu à l’origine du Hatha Yoga. Elle symbolise une forme d’hommage au soleil devant lequel on s’incline pour le remercier pour son énergie, indispensable à la vie. Dans l’hindouisme, Sūrya est aussi le dieu-soleil, qui sera père de Manu, premier homme et législateur de l’humanité, de Yama, dieu de la mort et/ou encore des jumeaux Aśvin, médecins des hommes et des dieux. 

Sūrya namaskār est souvent présentée comme étant pratiquée traditionnellement en Inde, et depuis des millénaires, face au soleil pour vénérer ce dieu. Les récentes recherches sur les origines du yoga moderne ont démontré que cet enchainement n’était en réalité pas si vieux. Au plus tard, certaines prémices remonteraient au 15e siècle, mais la salutation telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui est le fruit de multiples influences. Elle a émergé entre la fin du 19e et le début du 20e siècle. Pour autant, c’est désormais un élément très important de différents yogas posturaux diffusés en Occident comme le vinyasa, l’ashtanga ou le hatha yoga.  

Techniquement, Sūrya namaskāra est un ensemble de plusieurs postures qui peuvent s’effectuer comme une forme d’échauffement avant d’autres asanas ou comme une séance à part entière. En ashtanga yoga, la série démarre toujours avec deux formes de salutations au soleil (A et B) répétées respectivement chacune 5 et 3 fois pour chauffer le corps. Sa durée peut donc varier, en fonction du nombre de répétitions. 

Certaines traditions du yoga réalisent 108 salutations au soleil lors des changements de saisons (solstices d’été et d’hiver, équinoxes de printemps et d’autonome). Dans l’hindouisme et le bouddhisme, le nombre 108 est sacré et représente l’état de Samadhi, état d’éveil ou de conscience pure, l’union avec le tout universel (Brahman). Pour cette raison, le chiffre 18 et les multiples de 9 sont également importants dans l’hindouisme (de nombreux récits de la mythologie comportent 18 chapitres ou chants) et dans la pratique du yoga. 

À l’origine, et selon différents courants de yoga posturaux, la salutation au soleil est un rituel du matin. Mais il est parfaitement possible de la pratiquer à tout moment de la journée, sans aucune contre-indication. Si certaines écoles proposent un nombre de répétitions bien précis, celles-ci ne sont pas déterminantes non plus, tant que l’on en fait suffisamment pour en ressentir les bienfaits physiques et mentaux. 

Il existe plusieurs variations de la salutation au soleil. Elles ont toutes en commun différents éléments. Tout d’abord, à chaque mouvement est associée une respiration. Il s’agit d’un enchainement fluide de postures qui sont liées les unes aux autres par la position du corps et le rythme du souffle. C’est un échauffement dynamique qui permet de mobiliser la colonne vertébrale en alternant flexions vers l’avant et extensions vers l’arrière. D’aucuns disent de sūrya namaskāra qu’il s’agit d’une forme de méditation en action, obtenue par cette coordination du souffle au mouvement et la répétition de l’enchainement.  

La forme de salutation la plus courante est celle issue de la série d’ashtanga yoga, utilisée très fréquemment en vinyasa. Elle commence par la posture de la montagne (tadasana ou samastiti), avant d’aller sur une inspiration en extension des bras vers le ciel. À l’expiration, on plonge en flexion vers l’avant (posture de la pince debout ou uttanasana) puis on se relève sur une inspiration en demi-pince (ou ardha-uttanasana). De nouveau, à l’expiration, on plonge vers l’avant pour s’installer dans une planche. Après une inspiration dans cette position de gainage, on descend au sol sur l’expiration. Cette descente peut prendre plusieurs formes qui requièrent plus ou moins de force et de contrôle. Une fois au sol, on passe dans une posture du cobra ou du chien tête en haut sur une inspiration, avant de s’installer en chien tête en bas sur une expiration. À partir de là, la fin de la salutation consiste à retourner vers uttanasana, ardha-uttanasana, montagne en extension et posture de la montagne, dans une forme d’allers-retours. 

La salutation au soleil peut donc considérablement varier sur sa durée, le nombre de répétitions et même les postures qui la composent. Sa pratique peut aussi beaucoup dépendre de la professeure de yoga qui l’enseigne. Mais ses bienfaits sont toujours similaires. 

Elle constitue avant tout un excellent échauffement physique. Elle prépare à aller vers plus de force et de souplesse. Avec la répétition et l’action sur toute la colonne, c’est une excellente pratique pour maintenir une bonne mobilité et délier petit à petit le corps. L’alternance des postures permet également autant de tonifier que d’assouplir les muscles profonds. La synchronisation avec le souffle contribue à cela, mais aussi à l’apaisement du système nerveux. Cette coordination entre respiration et mouvement amène à un état de calme mental assez rapidement. En cela, la salutation au soleil peut, par ailleurs, constituer un excellent préalable à la méditation, pour mieux se connecter à l’instant présent. Enfin, les différentes postures qui composent Sūrya namaskār provoquent un véritable massage des organes intestinaux et stimulent le système digestif. Pour cette raison, il est conseillé de pratiquer la salutation au soleil à distance des repas.