
Isabelle Carron : « La ménopause n’est pas une déchéance »
Nous avons posé nos questions à Isabelle Carron, notre fondatrice et naturopathe, afin qu’elle nous donne toutes les clés pour mieux comprendre et traverser la préménopause et la ménopause en toute sérénité (ou presque).
Comment définirais-tu la ménopause ?
C’est une étape naturelle de la vie, qui marque la fin de la fertilité. Ce n’est pas le début de la fin, comme la société aime tant nous le signifier, mais l’amorce d’un nouveau cycle. En tant que naturopathe, je la vois comme une transition – physique-hormonale-émotionnelle et même spirituelle majeure, qui mérite d’être accompagnée avec douceur et précision — car chaque femme vit sa ménopause différemment.


À quel âge, en général, la ménopause commence-t-elle ?
Elle survient en moyenne autour de 51 ans, mais la péri-ménopause, elle, peut commencer bien plus tôt, parfois dès 40 ans. L’âge varie, et c’est justement pour cela qu’un accompagnement personnalisé est essentiel.
Quels sont les signes avant-coureurs ?
Les plus courants : bouffées de chaleur, troubles du sommeil, sautes d’humeur, fatigue inexpliquée, règles irrégulières, brouillard mental, déprime, prise de poids, douleurs articulaires… On a vraiment le choix avec toutes ces joyeusetés ! Je crois que plus de 70 manifestations possibles ont été répertoriées. Mais attention, tout le monde ne les ressent pas — ou pas de la même manière. Puis d’autres symptômes peuvent ensuite se manifester, comme les troubles du sommeil, la sécheresse vaginale, une baisse de libido et de l’anxiété. J’observe aussi un impact sur la peau, la digestion, et la vitalité globale. On est souvent un peu perdue à cette période-là.


Comment as-tu de ton côté vécu la pré-ménopause et quels changements as-tu réalisés ?
Et bien j’ai commencé par un beau déni ! Mes règles étaient de plus en plus irrégulières, puis j’ai saigné sans discontinuer pendant 2 mois… Tout en ayant des suées nocturnes impressionnantes qui me réveillaient la nuit. J’ai pris rendez-vous chez le gyneco qui m’annonce que je suis sans doute en périménopause et me donne quelques examens à réaliser et un traitement de soutien. Examens et traitement que je n’ai pas effectués, puisque dès le lendemain tout était rentré dans l’ordre 😉 !
Disons que cette période a été assez challengeante pour moi et m’a rappelé l’adolescence. On n’est pas très à l’aise avec soi, ce qui fonctionnait ne marche plus, on a des symptômes qui apparaissent et disparaissent… Ce fut assez déstabilisant, mais derrière tout ça des intérêts nouveaux, des intuitions fortes, et un grand vent de liberté ! J’ai revu mon alimentation, renforcé mon ancrage physique avec du mouvement, et soutenu mes émonctoires — surtout le foie et les surrénales. Cela m’a permis de traverser cette période avec plus de stabilité.

Que penses-tu des traitements disponibles ?
Tout dépend du contexte. L’hormonothérapie peut être une très bonne solution, mais elle ne convient pas à toutes. Les plantes et les champignons peuvent également être d’un grand soutien : la sauge, le soja, l’ashwagandha, le reishi, le trèfle rouge …En naturopathie, on cherche à rééquilibrer le terrain naturellement, en soutenant l’organisme plutôt qu’en imposant un standard.
Comment gérer les bouffées de chaleur naturellement ?
On peut soutenir le foie, éviter les excitants (alcool, café, sucre), intégrer des plantes adaptogènes comme la sauge ou le shatavari, et renforcer les surrénales. Penser aussi au sauna, même si c’est contre-intuitif ! Mais il faut tester, ajuster. Il n’y a pas de recette universelle.

Et la perte de libido ?
Elle est multifactorielle : hormonale, émotionnelle, relationnelle. On peut agir sur la vitalité globale, la circulation, les œstrogènes naturels. Il ne faut pas hésiter à utiliser des lubrifiants car la paroi vaginale s’amincit et s’assèche avec l’arrêt des oestrogènes : on peut utiliser de l’acide hyaluronique ou directement une noisette de crème oestrogénique. Il faut absolument continuer à consulter son gynéco régulièrement et lui en parler si les rapports sont douloureux Mais surtout, il faut se réapproprier son corps, son plaisir, sans injonction. Et puis, la ménopause c’est aussi une transformation que doit vivre, comprendre, accepter pour votre partenaire !
Comment anticiper les changements physiques ?
En gardant le corps en mouvement, en nourrissant ses muscles, en dormant mieux, et en adoptant une alimentation riche en oméga-3, en calcium, en magnésium. Et en écoutant ses besoins plutôt que des dogmes extérieurs.
Que conseillerais-tu de modifier dans l’hygiène de vie ?
Bouger régulièrement, alléger son assiette sans l’affaiblir, augmenter sa ration de protéines, soulever des poids, cultiver un bon sommeil, du plaisir, des liens. Prendre de la vitamine D3 tous les jours d’octobre à mai. ( si vous vivez sous cette latitude). Et soutenir ses organes relais : foie, intestins, surrénales. C’est la base de l’autonomie vitale.


Y a-t-il pour toi des aliments à bannir et à privilégier ?
Plutôt que bannir, je dirais : privilégier les végétaux, les oméga-3, les protéines de qualité, les graines de lin, les bons glucides complets. Et réduire les produits ultra-transformés, les sucres rapides, les excitants.
On dit oui pour :
- Les légumes et fruits BIO : Ils regorgent de nutriments, des fibres, des vitamines et d’antioxydants, la clé pour un microbiote heureux ! À consommer crus si votre sensibilité intestinale le permet ou cuits vapeur, sinon rapidement saisis à la poêle. Pas de cuisson longue qui leur fait perdre leur intérêt santé.
- Les légumineuses BIO : En petites portions, et préalablement trempées, elles contiennent de nombreux nutriments, notamment du potassium et des fibres alimentaires.
- Les céréales complètes BIO : Oubliez le pain, riz et pâtes blancs, choisissez les complets, riches en fibres et associez-les à une légumineuse pour former une protéine végétale complète
- Les laitages BIO : Un grand sujet pour les naturos ! les produits laitiers ne sont pas de si bons amis, voire de très mauvais pour certain.es. Si vous les tolérez bien, privilégiez malgré tout le fromage de chèvre ou de brebis et les yaourts. Et n’en consommez pas plus d’une fois par jour, c’est acidifiant.
- Le tofu / tempeh: Intéressants pour leur apport en protéines, peu chers et faciles à cuisiner, ils disposent aussi d’un petit apport en phytoœstrogènes .
- Les poissons gras : Hareng, sardine et maquereau pour une ration d’Oméga 3 et de vitamine D, mangez deux boîtes par semaine avec l’huile !
- La viande BIO : si vous n’êtes pas végétarienne, conservez la viande 2 à 3 fois par semaine en petite quantité. Ce sont des protéines de qualité. Il est possible de manger de la viande rouge en petite quantité, mais pensez aussi poulet, œufs (à la coque ou au plat) et au poisson.
- Les algues : Hyper-protéinées, elles renforcent l’organisme et le système immunitaire, aident à lutter contre les radicaux libres, contre les virus … Bien plus riches en fer que nos végétaux terrestres, elles sont un allié contre la fatigue et l’anémie. 2 cuil à soupe d’algues brutes par semaine est une quantité raisonnable.
- Graines germées : Ce sont des bombes nutritionnelles : pleines de vitamines et d’enzymes, elles contiennent également une bonne quantité de protéines. Elles sont trouvables en magasin bio, ou peuvent être faites très facilement chez soi.
- Oléagineux : Noisettes, noix ou amandes. Elles sont riches en acides gras insaturés mais n’en abusez pas , elles demandent un effort au foie !
- Graines de lin, de chia, de chanvre : Elles contiennent toutes des omégas 3, lin et chia développent un mucilage qui a de nombreux bénéfices ( transit, digestion, coupe faim, régulateur de glycémie) Les graines de lin contiennent phytoœstrogènes et lignanes qui pourraient avoir une action sur les bouffée de chaleur.

On dit non pour :
- Le café et le thé noir : Ce sont des excitants. L’organisme va avoir tendance à s’activer, ce qui peut provoquer de la chaleur et donc, de la transpiration. Donc on se modère à deux tasses par jour ( et hors ménopause aussi !)
- L’alcool : Oui je sais c’est affreux mais … non l’alcool n’est décidément pas un allié. Donc pas, ou peu, et plutôt du vin rouge.
- Les charcuteries : Elles sont trop salées et contiennent de mauvaises graisses. Il faudra donc les remplacer par des protéines plus adéquates.
- Le sucre : Le sucre est addictif, il peut provoquer des troubles de l’humeur, de l’irritabilité, mais aussi des bouffées de chaleur. Il est aussi mauvais pour la beauté – et la santé de votre peau. Donc moins vous le fréquentez, mieux vous vous porterez !


Quel impact la ménopause peut avoir sur la peau et les cheveux ?
La baisse d’œstrogènes diminue le collagène et l’hydratation. La peau peut devenir plus sèche et plus fine. Les cheveux plus clairsemés. Il faut nourrir de l’intérieur (antioxydants, oméga-3, zinc…) et de l’extérieur, avec des soins doux et ciblés. Plus les mécanismes internes de la peau se grippent, plus il faut l’aider !
Quels soins Absolution recommanderais-tu ?
Le Baume Céleste, La Crème du Temps, Le Masque du Temps, et Le Booster Lift, pensés pour accompagner la peau dans cette phase de mutation et lui redonner éclat, densité, confort.
J’y ajoute aussi La Crème réparatrice regard et Le Sérum Anti-Soif pour un boost d’hydratation. Et toujours Addiction que j’utilise en alternance avec La Crème du Soir ou Le Masque du Temps. Je triche un peu puisque j’ai TOUS les produits absolution à ma disposition !
Quelle est ta routine beauté ?
Pas vraiment minimaliste, vu le nombre de produits évoqués, mais cohérente ! Et j’utilise aussi les skeen patch, du micro courant régénératif, et toujours un peu de massage manuel quand j’applique mes produits ! Ma vraie routine, c’est l’alimentation, le mouvement, la respiration et le sommeil – avec une grande marge d’amélioration pour ce dernier !
Un dernier mot ?
La ménopause n’est pas une déchéance. Bien au contraire : c’est une montée en puissance, à condition d’en faire un moment d’attention à soi. On peut traverser cette période en restant en santé, autonome, puissante. Et ça, c’est une vraie révolution intérieure.