La guérison par la méditation
Peut-on obtenir une guérison par la méditation ? C’est une pratique à l’origine spirituelle, particulièrement répandue dans le bouddhisme, l’hindouisme ou le yoga. On la retrouve aussi dans les grandes religions monothéistes. Pourtant, la pratique de la méditation commence à se développer dans de nombreux domaines. Elle est désormais utilisée en entreprise et même à l’hôpital. Mais quels sont les liens entre guérison et méditation ? Est-il vraiment possible de guérir par la méditation ?
Les effets de la méditation
Dans le bouddhisme, méditer est un outil pour atteindre l’éveil. Il existe des méditations puissantes pour développer les qualités prônées par Bouddha comme la compassion, le contentement, le calme ou la connaissance juste. Ce sont ces qualités qui permettront d’emprunter le noble chemin octuple vers la guérison et le bonheur, définis comme l’absence de souffrance.
D’inspiration bouddhiste, la méditation guidée de pleine conscience est une version laïcisée fondée aux États-Unis, par le docteur Jon Kabat-Zinn. Elle rencontre aujourd’hui un essor considérable. Elle pourrait se résumer à une pratique de concentration et d’attention à ses pensées, ses émotions, ses sensations. Il ne s’agit pas de s’arrêter de penser, mais de réussir à observer ce que l’on pense, vit ou ressent. Pour cette raison, la méditation permet de lâcher prise et de prendre du recul.
Elle a également des effets, prouvés scientifiquement, sur la réduction du stress, la diminution des risques de dépression, et la meilleure cohabitation avec la douleur (en réduisant l’anticipation et les réactions face à celle-ci). La méditation peut même modifier la structure du cerveau ! En effet, celui-ci dispose d’une possibilité d’adaptation de son fonctionnement et de sa structure. C’est ce qu’on appelle la neuroplasticité. Comme un muscle qu’on peut rendre plus fort et plus souple grâce à la répétition des mouvements, le cerveau peut être musclé grâce à l’entraînement du mental. En amenant à diriger constamment l’attention sur ses pensées, ses sensations corporelles ou encore ses émotions, la pratique de la méditation est une des formes possibles de cet entrainement du cerveau.
C’est ce que les recherches d’Antoine Lutz, notamment, ont prouvé chez des méditants réguliers. Elle stimule la plasticité cérébrale et peut ainsi améliorer la mémoire, la concentration, la réaction à la douleur et la capacité à mieux vivre avec ses émotions !
Guérir par la méditation
Si ses effets sur le corps et l’esprit sont donc nombreux et désormais fondés scientifiquement, peut-on obtenir la guérison par la méditation pour autant ? Le programme MBSR (Mindfulness-Based Stress Reduction) est initié par Jon Kabat-Zinn dans l’hôpital universitaire du Massachusetts. Il avait pour but de réduire les conséquences chroniques et néfastes du stress, de plus en plus présent dans notre mode de vie moderne. Depuis, cette forme de méditation de pleine conscience s’est considérablement développée. Les programmes d’application ont investi les hôpitaux pour apporter un soin aux personnes souffrant de troubles psychiatriques, de dépression, de maladies chroniques ou particulièrement lourdes. C’est ainsi que le programme MBCT, Mindfulness-Based Cognitive Therapy for Depression, inspiré de celui de Jon Kabat-Zinn a vu le jour à destination de patients traités pour dépression. De même, le célèbre psychiatre français, Christophe André, a décidé d’intégrer la pleine conscience à Saint-Anne. La méditation est également proposée dans le service d’anesthésie de l’hôpital Kremlin-Bicêtre.
Des études sont encore à l’œuvre pour mesurer les effets de la méditation sur la guérison. Il semblerait que méditer régulièrement agirait sur le cortex préfrontal gauche. C’est la partie du cerveau responsable des sentiments positifs (le bonheur, l’estime de soi). Elle aide parallèlement à réduire les sentiments négatifs (comme la colère ou la peur). Elle aurait aussi une action sur d’autres parties du cerveau qui induisent la réaction à la douleur. Des études ont ainsi démontré que des pratiquants de méditation Zazen avaient développé une résistance accrue à la douleur.
Pour autant, la méditation permet avant tout d’accompagner les personnes souffrantes dans l’acceptation de leur douleur et/ou leur maladie pour mieux la supporter. Avec un protocole de traitement plus conventionnel, pour guérir les causes de la maladie, méditer contribue aussi à mieux la combattre en agissant sur les conséquences et l’attitude à adopter face à elles.
La méditation pour prévenir la maladie
Ce n’est pas la méditation qui engendre la guérison d’une maladie en soi, mais elle la favorise et apporte un soutien complémentaire. Elle peut agir sur la capacité d’acceptation, sur la régulation des émotions et même la tolérance à la douleur. Elle ne supprime pas les causes de la maladie, mais permet de mieux vivre avec. C’est également une pratique intéressante pour prévenir certains maux et leurs conséquences.
D’après Christophe André, par exemple, la pleine conscience est particulièrement indiquée pour éviter les rechutes dans la dépression. En méditant régulièrement, on apprend à moins ruminer, à ne pas s’enfermer dans des émotions difficiles. Lorsqu’un événement de la vie apparaît, on peut plus facilement prendre du recul et accepter les choses telles qu’elles sont.
Ainsi, la méditation permet de réduire les risques de développement de maux parfois chroniques engendrés généralement par un trop plein de stress. Cela peut être des troubles digestifs, du psoriasis, de l’eczéma ou d’éventuels problèmes cardiovasculaires. En diminuant l’anxiété, méditer pourrait y compris nous aider à ralentir le vieillissement des cellules que les hormones du stress accélèrent dans notre corps.
D’autres pratiques peuvent apporter ce même apport pour la guérison que la méditation, comme l’hypnose, la sophrologie ou le yoga nidra. Souvent confondue avec la méditation, c’est en réalité une relaxation profonde guidée par la voix d’un enseignant qui peut s’accompagner de musique. Ces pratiques restent évidemment un complément à des traitements conventionnels pour mieux nous soutenir dans l’épreuve que peut représenter une maladie.