O comme ouvre bouteille. 

Boire est un moment de plaisir, et l’ouvre-bouteille est l’objet qui nous permet d’y accéder. On l’utilise machinalement, et il est souvent un support d’expression. 

Ici, il est question d’un décapsuleur qui, comme la plupart des outils, est composé de deux zones : l’interface et l’instrument. L’interface avec le corps est généralement travaillée pour augmenter la force exercée sur la capsule par le bras de levier, ou pour rendre plus agréable la pression de la main sur la matière. L’instrument est étudié pour coincer la capsule et accrocher certaines de ses cannelures pour les déformer. 

La section du manche de bois n’est pas circulaire mais plutôt aplatie, ce qui permet d’orienter naturellement la prise en main. À son extrémité, on voit apparaître une arête qui apporte de la précision. C’est un détail qui rappelle la tranche d’une hélice d’avion en bois, une maquette d’étrave ou d’une sculpture de Brancusi. Sa forme qui se précise au contact de la paume est le fruit d’une bonne connaissance des besoins. À l’opposé se trouve l’instrument, constitué d’une tige métallique cintrée et emmanchée dans la pièce de bois. Le crochet à la silhouette de guimbarde est obtenu par poinçonnage du fil métallique et profère un ensemble bienveillant, agréable et chaleureux. 

L’auteur de cet ouvre bouteille, anonyme, avait un don particulier. Un don pour créer des objets qui sont beaux en eux-mêmes, qui transcendent leur fonction pratique pour devenir des œuvres d’art à part entière. 

Cet ouvre-bouteille est un talisman, un objet qui rappelle, dans un acte quotidien, que la beauté et l’art sont des éléments essentiels de notre existence. Des éléments qui peuvent nous élever au-delà de la simple fonctionnalité et nous faire toucher l’éternité.