Réduire ses déchets dans la cuisine

Savez-vous combien de kilos de déchets nous générons par an avec notre poubelle de cuisine ? On se doute que, comme nous, vous ne lui faites pas passer la pesée chaque lundi matin alors on ne fait pas durer le suspense plus longtemps. En 2019, on a jeté en France en moyenne 546 kg de déchets par personne (Source : Eurostat 2019/Rethink Plastic). C’est moins que les Danois (844 kg) mais bien plus que les Roumains (280 kg). Une victoire dont on se passerait bien !

Nos ordures justement, savez-vous ce qu’elles deviennent ? Une fois collectées, elles sont acheminées vers le centre de tri des déchets de votre région qui va soit les incinérer, soit les enfouir en décharge. Si l’incinération permet de produire de l’énergie grâce à la chaleur dégagée, elle est quand même énergivore car les fours chauffent à plus de 1000 degrés.

La décharge, quant à elle, est l’option la moins écologique puisque votre poubelle sera simplement enfouie dans la terre, où elle se décomposera. Malheureusement, on retrouve ensuite les particules non biodégradables dans les sols puis dans nos cours d’eau, qui finissent dans les océans. Océans qui constituent une ressource vitale pour notre survie… Bref, un vrai cercle vicieux.

Alors sans viser la Lune et essayer de se tenir à un bocal de déchets par an comme la géniale Béa Johnson, on peut déjà se questionner sur ce qui remplit notre poubelle et prendre des résolutions pour l’alléger, semaine après semaine. Et c’est autant de négociations en moins pour savoir qui la descendra !

Comment réduire ses déchets dans la cuisine ?

Faire un premier état des lieux

Si vous avez bien fait votre tri en amont (plastique recyclable, carton, aluminium et verre), votre poubelle de cuisine ne contient plus que les déchets ménagers dits « non recyclables », même si certaines régions mettent en place des solutions comme la collecte de déchets verts. On peut les distinguer en deux grandes catégories :

  • Les déchets organiques : épluchures de légumes, coquilles d’œufs, restes alimentaires…
  • Les déchets non recyclables : le sachet plastique de la salade, l’emballage du beurre, le sopalin, le film étirable…

Voici des conseils simples à mettre en place et qui devraient vous permettre d’éviter au moins la moitié de vos déchets habituels. Et si parfois, un emballage plastique se glisse dans votre frigo (les courses « panique » en rentrant du travail, par exemple), dites-vous que vous ferez mieux la prochaine fois !

Réduire ses déchets organiques

Dans nos poubelles, on retrouve beaucoup de « déchets » qui n’en sont pas, comme les épluchures de fruits et légumes. Lorsqu’ils sont envoyés en décharge, ils n’ont plus aucune utilité alors qu’ils sont pleins de surprises en cuisine ! Si vos légumes sont bio, on ne peut que vous conseiller de garder la peau car c’est une réserve importante de vitamines ; mais si vous tenez vraiment à les éplucher, voici comment les réutiliser :

  • En chips (pomme de terre, carottes, patate douce) : lavez-les, ajoutez un filet d’huile d’olive, du sel, du poivre, un peu de paprika et enfournez 5 min à 200 degrés. Sinon, ajoutez-les à votre soupe en fin de cuisson, avant de la mixer. Ni vu ni connu !
  • En émincé de légumes : pieds de chou-fleur et brocoli, tête de courgette, tiges d’herbes aromatiques, peaux de potiron et butternut (que vous pouvez aussi laisser dans la soupe). Contre toute attente, ces épluchures deviennent très tendres à la cuisson. Vous pouvez ensuite vous en servir pour farcir des empanadas, faire une quiche aux légumes, ou même des lasagnes…
  • En bouillon : faites infuser les peaux d’oignon et d’ail, les carcasses de poulet, poisson ou crustacés. Ils feront une très bonne base pour votre prochaine soupe, mais vous pouvez aussi consommer le bouillon tel quel.
  • En douceurs pour se faire plaisir : si vous consommez beaucoup d’agrumes (bio), coupez les peaux en lamelles et faites-les confire pendant 10 minutes dans du sucre et de l’eau à part égale. Vous pouvez ensuite les manger telles quelles, les tremper dans du chocolat ou les ajouter à vos gâteaux.
  • En condiments : les zestes d’agrumes peuvent être séchés pour ajouter un peu de saveur vos salades, les peaux d’oignons et d’ail peuvent passer au four puis être mixées pour agrémenter tous vos plats. Bon à savoir : les peaux d’oignons, notamment les rouges, sont aussi très utiles en teinture de tissus.
  • En produits ménagers : là encore, les agrumes sont pleins de surprises. Si vous avez déjà fait confire vos oranges/citron, récupéré le zeste et qu’il vous en reste encore, faites-les macérer dans du vinaigre blanc pendant 3 semaines, puis filtrez. Vous avez désormais un détergent écologique et économique !

Autres astuces pour sauver les aliments de la poubelle :

  • Le pain rassis : passez-le sous un filet d’eau fraîche et enfournez-le pendant 7 à 8 minutes à 180 degrés.
  • La salade flétrie et les légumes mous : plongez-les dans un saladier d’eau, direction le frigo. Le lendemain, ils auront retrouvé tout leur croquant.

Et pour tout ce que vous ne pouvez pas réutiliser, il y a le compost. Si vous n’en avez pas à la maison, stockez les déchets dans un grand pot en verre et déposez-les dans un compost près de chez vous. Voici une carte des composts disponibles en région parisienne : https://www.jecomposteenville.fr/trouver-ou-composter/

Réduire ses déchets non organiques

La deuxième catégorie qui remplit notre poubelle est constituée des déchets non ou difficilement recyclables par manque d’infrastructures. Exemple : le sachet de salade sous vide, l’emballage du beurre ou du fromage, les barquettes en polystyrène, le film alimentaire, le sopalin, les pots de yaourt, etc… Le but : limiter l’achat de produits sur-emballés, réutiliser quand c’est possible et enfin remplacer par des alternatives plus durables.

Réduire

La première étape pour limiter les déchets liés aux emballages, c’est de penser à l’achat en vrac pour vos fruits, légumes, aliments secs, viande, poisson et fromage (si vous en mangez). Ils ont aussi l’avantage d’être moins chers au kilo, puisqu’ils ne nécessitent pas d’emballage. Pour cela, privilégiez les magasins bio qui proposent généralement une large gamme de vrac ou allez directement au marché ou chez vos commerçants de proximité.

Pour emballer vos fruits, légumes et légumes secs, vous pouvez utiliser des sacs en tissu lavables ou réutiliser les sacs kraft d’une course sur l’autre. Pour les achats de viande, fromage ou poisson, pensez à apporter vos propres boîtes chez vos commerçants. Vous gagnerez aussi du temps au retour de course puisque vous n’aurez plus besoin de les transvaser dans un contenant.

Réutiliser

Une fois que vous avez limité vos déchets à la source, vous pouvez réutiliser le non-recyclable pour lui donner une seconde vie avant de le jeter :

  • Les pots de yaourt : réutilisez-les pour faire vos semis si vous avez la chance d’avoir un petit potager et optez la prochaine fois pour des yaourts dans des pots en verre ou achetés en vrac chez votre fromager.
  • Les boîtes en plastique des commandes à emporter : lavez-les et réutilisez-les pour transporter le vrac léger comme les amandes, le riz, les flocons d’avoine…
  • Les sacs plastique de fruits et légumes : réutilisez-les au maximum puis utilisez-les comme sac pour votre poubelle de salle de bain.
  • Les bouteilles d’eau : gardez-les pour faire de l’arrosage passif pour vos plantes cet été, et investissez dans une carafe et un morceau de charbon Binchotan pour filtrer l’eau naturellement.
Remplacer

Enfin, la dernière étape consiste à remplacer les déchets que l’on produit de façon quasi quotidienne et qui n’ont aucun intérêt, ni économique, ni écologique :

  • Le sopalin : il provient d’une ressource naturelle qui n’est pas infinie, et contrairement à ce qu’on pourrait penser, il ne se recycle pas. Remplacez-le par des lavettes en coton ou en bambou, que vous pouvez laver en machine.
  • Le film étirable et l’aluminium : ils coûtent cher, provoquent des crises de nerf quand ils se découpent mal, et sont mauvais pour la santé. L’aluminium, par exemple, est un neurotoxique très puissant quand il est chauffé. Voici plusieurs alternatives pour emballer vos aliments :
    • La moins chère : déposez vos restes dans un bol et mettez une assiette dessus, ou réutilisez un pot en verre avec couvercle – celui de la confiture, par exemple.
    • L’investissement : les charlottes en tissu ou les bee wraps qui sont des morceaux de tissus enduits de cire végétale. Ils s’adaptent à la forme de vos plats ou des aliments à emballer et sont réutilisables pendant des années.
    • La solution double emploi : mettez vos restes dans des boîtes en verre hermétiques, plus pratiques pour savoir ce qu’on a dans le frigo. Elles s’utilisent aussi en lunch box et en plat pour le four.
  • Le papier cuisson : non recyclable et aussi assez coûteux sur le long terme. Si vous faites un gâteau, tapissez le moule de beurre ou d’huile puis de farine. Et si vous adorez les frites, pensez au tapis de cuisson en fibre de verre et silicone (de 15 à 30 euros) lavable et réutilisable en moyenne 2000 fois.

Voilà, on espère que cet article vous donnera la motivation de commencer à réduire vos déchets ! Et si ­vous avez envie de creuser un peu plus le sujet, voici quelques livres (lus et approuvés) qu’on vous conseille :

  • « Zéro déchet » de Béa Johnson. Difficile de tout prendre à la lettre mais il permet une prise de conscience formidable pour aller vers le « low waste », plus atteignable.
  • « More plants, less waste » de Max La Manna. Les recettes d’un chef londonien vegan et zéro déchet qui cuisine les épluchures d’une façon que vous ne soupçonnez même pas. Spoiler : il fait du faux porc effiloché avec… de la peau de banane !
  • « Famille Zéro déchet » de Jérémie Pichon. Un carnet de bord rempli d’humour, avec des challenges pour emmener votre famille vers une vie plus éco-responsable.